Rabbi Yossef H'ayim de Bagdad, auteur du Ben Ich H'aï, nous explique le phénomène suivant. Lorsqu'une personne meurt, qu'il soit jeune ou enfant, ou dans l'année de son mariage (cf. Sefer Yéh'ézkiel, dans Minh'ate Yéhouda de Rabbi Yéhouda Fétaya, ou dans Chaar Hatikounim-LaPorte des Réparations, chap. V, page 58), les gens en général, réagissent violemment, se révoltant contre les Mesures d'Hachém, si ce n'est pas plus. Il est clair que la souffrance de la perte d'un être cher reste présente dans la chair parentale. Cependant, la mort, qui est une punition en soi, puisque désignée à disparaître complètement dans le Olam Haba, comme il est écrit : "Bila Hamavéte Lanétsah', que la mort soit engloutie pour toujours", pour celui qui reste vivant, est une épreuve. Or, la majorité du peuple n'est pas au courant, ou simplement, ne croit pas en une des bases du judaïsme et qui explique la raison de l'existence de certaines notions, rencontrées obligatoirement dans la vie.
Hachém a prévu que les Deux Temples allaient être détruits, et ceci, pour que la Terre d'Israel puisse supporter la sainteté du Troisième Bet Hamikdach, qui est le produit des plantations divines. On voit aussi que la Don de la Torah fut, lors des Deux Premières Paroles d'Hachem, à un niveau plus élevé que les autres Commandements, puisque le Peuple juif ne pu supporter.
Le parallèle est clair. Le but du juif étant dans ce Monde de se parfaire et surtout, de réparer son âme et donc la faute d'Adam Harichone et celle du Veau d'or, cette quête terminée, il n'a plus à remplir de rôle ici. Il est alors dans la dimension de Tsadik. Et s'il répare son Néfech, premier niveau de la Néchama, alors qu'il est jeune, il devra mourir pour revenir une nouvelle fois réparer son second niveau, Rouah'. Jusqu'à atteindre la Néchama, dernier niveau. Il existe un cas où le Tsadik sait réparer tous les niveaux d'un seul coup et n'a pas besoin de revenir en Guigoul. Bien que cette approche soit très technique, il n'en reste pas moins de douleur à l'entourage. Mais cette douleur doit s'estomper, et non comme le prônent les Ktiné Emouna, augmenter à mesure que le temps passe. Dans la mort comme dans la vie, il existe une notion : le sacrifice de soi. Transformer cette peine individuelle, intrinsèque à soi, personnelle, en joie pour l'autre, le disparu, l'être cher que nous aimions. L'amour ne reste non plus un souvenir nostalgique, lointain et douloureux. Mais il devient une source d'espoir, pour le disparu puis pour soi-même.
Pour le disparu, et c'est le sens de commémorer la date de la mort/enterrement, non pas en se souvenant des traits de caractère du mort, ou des actes qu'il réalisa. Mais en élevant son âme. C'est là tout le but de l'Ezguir ou Yartseïte. On rappel à cette date la mort d'un individu, non pas pour se sentir attacher à lui, car c'est toujours une dynamique dans le temps de moi vers lui. Mais pour créer un lien, ni sentimental, ni physique. Un lien spirituel, l'élévation de son âme. Notre volonté agit encore sur l'être cher, même après sa mort. C'est le sens du Kaddich Yatom et des Téfilote qui l'accompagnent.
Pour soi, car on se répare, on se reconstruit.
Il est possible de rester dans la peine toute sa vie. Ou encore, dans la spéculation émotionnelle d'un rapport encore valide avec le disparu. Mais les sages ont institué le 9 Av, pour pleurer sur la destruction des Deux Bet Hamikdach. La véritable raison de pleurer et de se lamenter, c'est que le Troisième Temple n'est pas encore reconstruit. Que par les fautes de nos pères ils ont été détruits. Pire, par nos fautes, il n'est pas reconstruit.
Se construire de nouveau sur les cendres du deuil national, d'un deuil personnel. Le renouvellement du Monde par les philosophes grecs, qui ont voulu annihiler toute trace de Judaïsme, signifie l'éternel recommencement. Se laisser aller, puisque la fin est connue d'avance. La Torah, elle, est une Source de Vie. Chaque jour la Création du Monde a lieu, comme à chaque instant on peut partir de ce Monde ou on peut en faire partie, et réaliser, agir et non pas s'oublier. Mais il doit y avoir continuité.
Dans ce Monde !
Puisque le Olam Haba ne désigne pas le Monde Spirituel mais bien ici-bas. Le Olam Haba, c'est la Téh'iate Hamétim !