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Elkh'anan

D'... est clément.

 

Il y a de cela plus de six cents ans, résidait à Mayence, un des Tsadikim les plus importants : Rabbi Chimon le Grand. C'est aussi un des grands poétes lithurgiques ashkénazes. Rabbi Chimon n'avait jamais eu d'enfants. Il dut attendre sa vieillesse, pour avoir la joie infinie de devenir père. Un jour, alors que le petit Elh'anan était âgé de quatre ans, il s'approcha de la table sur laquelle son pére composait un nouveau Piyoute . Quelle surprise de voir sur une des feuilles, son nom en titre d'une poésie : El h'anane nah'alato, D'... est clément envers son héritage.

Oui mon fils, repondit Rabbi Chimon. Mon fils, vois-tu, certaines fois, un juif s'éloigne d'Hachem, par des raisons diverses, même non fondées. Cependant, Hachem est clément et accepte tout celui qui veut revenir vers Lui.

Je ne m'éloignerais jamais du chemin de la Torah, cria le petit Elh'anan, et quitta son pére courant plein de larmes.

Elh'anan tomba malade quelques semaines suivantes et dut rester allité. Sa fiévre monta tant qu'il en perdit conscience. Il ne reconnaissait ni ses parents ni son entourage. En plein délire, il marmonait les premiers mots de la poésie de son pére, El H'anan Nah'alato. Ses parents ne cessaient d'implorer Hachem d'envoyer la guérison, et même Marguerite, la servante chrétienne, priait pour son rétablissement. Cependant, le coeur de la servante n'était pas si pur qu'il paraissait. Elle convoitait le jeune enfant juif, et avait essayé plusieurs fois de le passer dans des établissements chrétiens. Elle, pleurait de perdre cette âme si précieuse, qui aurait tant apporté au monde chrétien. Elle voulait sauver l'âme de cette créature en la ramenant vers le droit chemin ...

Rabbi Chimon passait le plus clair de son temps entre les Téfilote et les jeûnes à répetition. Il restait donc dans sa chambre et n'en sortait que pour visiter son fils allité.

Barouh' Hachem, l'état de l'enfant s'améliora et reprit conscience, mais il devait garder le lit car il restait trés faible. Le Chabbat suivant, enfin, Rabbi Chimon et sa femme purent prendre le chemin de la synagogue et laissérent, confiants, le petit Elh'anan au soin de la servante si dévouée, Marguerite. Cette derniére profita de l'absence des parents pour proposer au petit garçon de faire une courte promenade. Sortir devait lui faire le plus grand bien. Elle devait agir rapidement. Les parents allaient revenir bientôt de la synagogue. De plus, l'enfant ne se portait pas bien et ne pouvait marcher longtemps. Elle prit la route pour arriver au monastére le plus proche. En chemin, l'enfant prit froid, et en arrivant au monastére, il rechuta. Cette fois sa vie ne tenait qu'à un fil. Plusieurs rechutes le poussant à l'inconscience, aida à ne plus se rappeler de ses parents ni de son identité juive. Il grandit dans le monastére comme n'importe quel enfant chrétien et s'appelait dorénavant, Félix. Il se disntingua par son intelligence et fut vite érudit dans plusieurs matiéres. Lorsqu'il atteint ses dix huit ans, il fut envoyé à Rome pour compléter ses études. Il devint l'un des préferés du Pape Grégoire Sept et de sa cour. C'est le Pape lui-même qui ordonna Félix évéque. Félix passa facilement tous les échelons et arriva à la place important du second papal, soit l'aide du Pape.

Lorsque ce dernier sentit ses derniers jours approchaient, il convoqua l'ensemble du corps de l'église et décida que Félix serait son successeur. Félix devint désormais le Pape Victor, troisiéme du nom. Au fil du temps, une seule angoisse obscurssiçait le ciel du nouveau pape, une question le torturait, et personne ne savait lui répondre : qui étaient ses parents et d'où venait-il. La servante Marguerite s'était volatisée dés le premier jour. Tandis que le prêtre qui avait acceuilli le jeune enfant, le vieux Thomas, était mort. Personne ne pouvait résoudre le mystére du pape.

Des années suivirent, Rabbi Chimon et sa femme ne s'était pas remis de la perte de leur enfant chéri, et avaient depuis longtemps prit le deuil. Un jour, une mauvaise nouvelle arriva : l'évéque de la ville de Mayence, édicta un nouveau décret contre la communauté juive. Les responsables de la communauté demandérent au vieux Rabbi Chimon de former le groupe qui partirait à Rome demander au pape d'annuler la gzéra. Entre-temps, ils allaient envoyer une missive au pape, lui demandant de les recevoir dans un délai fixé. Le pape répondit par l'affirmative et réçut les responsales de la communauté de Mayence, ainsi que leur Rav, Rabbi Chimon. Le pape accepta la demande de Rabbi Chimon lors d'une entrevue privée et donna l'ordre d'annuler le décret. Une sorte de lien amical se développa entre le Pape et rabbi Chimon. Ils parcouraient ensemble les jardins du palais clérical et s'entretenaient de divers sujets, tels que la théologie, la philosophie et autres sagesses.

Le Pape demanda au Rabbi âgé quelles étaient ses activités. Ce dernier répondit qu'il composait essentiellement des poésies lithurgiques, à part s'occuper de sa communauté. Le Pape fut interloqué par la réponse.

Quel genre de poésie écrivez-vous demanda le pape.

Mais une ombre de tristesse couvrit le visage de Rabbi Chimon.

Vous ai-je blessé en quoi que ce soit ? demanda le Pape.

Non, répondit le vénérable Rabbi. Mais sa voix s'étrangla et ses yeux s'emplirent de larmes. Je me rappelle à chaque fois du poéme que je composais pour mon jeune fils, Elh'anan. Malheureusement, on me le vola à l'âge de quatre ans. Et le Rabbi s'effondra en larmes et se tut. Le Pape en fut affecté. Il sentait le malaise et la souffrance du Rabbi. Quelques instants passérent et le Pape se tourna alors vers Rabbi Chimon.

Pourriez-vous me faire voir, un de ces jours, ce poéme si chér, si ça ne vous déplait pas ?

Le Rabbi glissa sa main dans une poche de son manteau et en sortit un morceau de papier usé.

Je ne me déplace jamais sans, expliqua Rabbi Chimon.

Le Pape commença de lire les premieres lignes, lorsqu'il se sentit mal. Il se rappelait de ces mots gravés dans sa mémoire. Il n'y croyait pas. Son pére était là devant lui, et lui était juif. Pére ! mon pére chuchota-t'il, les yeux inodés de larmes.

Cependant, il était conscient qu'il devait garder son secret, sous peine de se faire brûler par l'église, si cette derniére apprenait sa véritable identité. Rabbi Chimon avait du mal à se contenir, partagé entre la joie des retrouvailles et la souffrance d'un fils devenu chrétien, même malgré lui. Mais le pape assura son pére qu'il abandonnerait tout pour retrouver sa vraie vie et son peuple. Il fut fixé que la disparition secréte du pape se réaliserait bien aprés le retour des juifs dans leur communauté, pour ne pas éveiller de soupçons contre eux. Elh'anan s'échappa et retourna chez ses parents. On ne peut imaginer leur joie.

Lors de l'assemblée suivante du clergé, le Pape ne se présenta pas. Certains disent qu'il s'envola dans les cieux. D'autres avancent qu'il faisait pénitence pour les infidéles en partant en exil ...

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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