Depuis plusieurs années, on rencontre un phénomène incroyable: l'annulation d'anciennes coutumes.
Encore faut-il connaître la source de chaque minhag. En ce qui concerne le fait de répondre Barouh' Hou oubarouh' Chémo à chaque bérah'a que l'on entend, il convient de faire un peu de ménage.
Ce minhag prend sa source dans les responsas du R'och, dont voici le témoignage : et j'ai entendu de mon maître mon pére za'l qui disait sur chaque bérah'a et bérah'a qu'il entendait dans chaque endroit, barouh' hou oubarouh' chémo, et c'est ce qu'a dit Moché Rabbénou lorsque j'appellerai le Nom d'Hachem grandissons l'Eternel.
La raison: la louange de Moché Rabbénou en appelant le Nom divin, de grandir la louange en disant Barouh' Hou ouBarouh' Chémo.
Son fils, le Baal Hatourim (Rabbi Yaakov 1269-1343) rapporte la coutume de son père. Le Choulh'an Arouh' lui-même (124-5) rapporte les paroles du Tour, et cependant, en change quelque peu la formule. Alors que jusque là c'était un minhag, le Choulh'an Arouh' tranche en tant que halah'a: sur toute bérah'a qu'une personne entend à chaque endroit il dit barouh' hou oubarouh' chémo. Et cependant, Maran le Choulh'an Arouh' n'utilise pas les mots, on a l'habitude, ou, c'est la coutume.
Jusqu'à cette période, nous n'avons aucune source qui s'oppose à une telle coutume. Au contraire ! Le Rav orh'ote Yocher (bérah'ote 20) précise qu'on trouve ce Minhag (Baal Hala'ote guédolote) déjà à l'époque des Guéonim (précédant les Richonim). En cherchant un peu, on retrouve ce ''minhag'' à la même époque que le Roch, en Espagne, dans le livre Ménorate Hamaor de Rabbi Israel Enkaoua za'l, père du fameux Rabbi Ephraïm Enkaoua, le Rab de Tlemcen (1370-1427). Rabbi Israel Enkaoua fut le premier à traduire le Zohar en hébreu, et finit sa vie sur le bucher des premières inquisitions, en 1391, lié dans le feu à un Sefer Torah et à un des fils du Roch, Rabbi Yéhouda (Hachem Yikom damam). Ce Minhag n'appartient pas au marocains comme on a voulu nous le faire croire, ni aux séfarades d'Afrique du Nord. Mais cette coutume est bien plus ancienne et bien plus général. Voilà, en résumé, pour l'historique.
Rappel important: le Rav Yaffé chaa (49) (Rabbi Mah'louf Abouh'atsséra petit-fils de Rabbi Yaakov) rapporte dans ses responsas, que ce minhag était maintenu par le Rama'c (Rabbi Moché Cordovéro) et le Ari za'l. Et c'est effectivement le cas, dans Chaar hatéfila (manuscrit de Rabbi Ha'yim Vittal qui reçut entièrement la Torah du Ari za'l à qui s'est dévoilé quotidiennement Eliyahou Hanavi z'l) sont rapportées les différences de réponses d'Amen, en fonction du niveau de la bérah'a (bérah'ote hanéhénin, ou la amida ou le kaddich), alors que juste auparavant, il rapporte ce que l'assemblée réponde aux brah'ote du h'azan, en incluant toutes les brah'ote et sans faire aucune différence.
La littérature rabbinique de la Renaissance (à partir du XvI siècle) divise la coutume en deux états: répondre Barouh' Hou ouBarouh' Chémo aux brah'ote et ne pas répondre aux brah'ote dont on nous rend quitte (Choffar, hallel, Méguila, Kidouch ect…). Les deux premiers à innover, sont Rabbi Chmouel abouab (divré Chmouel) et Rabbi David Pardo (Chouchanim léDavid). Alors que la source remonte aux Guéonim, se trouve dans les Richonim (pour l'instant, 4: le père du Roch, Rabbénou Yéh'iel, le Roch, le Baal Hatourim et Rabbi Israel Enkaoua) et dans la halah'a du Choulh'an Arouh', comment deux ah'aronim, ont pu annihiler une source de plus de 600 ans (aujourd'hui, de plus d'un millénaire !).
Rappelons quelques généralités:
- La préface du Bet Yossef (commentaire sur le Tour de Rabbi Yossef Karo, qui produira plus tard le Choulh'an Arouh', condensé du Bet Yossef, halah'a lémaassé, soit, décisions pour être appliquer directement) indique qu'on ne peut annuler un minhag qui est antérieur au Bet yossef (16éme siècle).
- Les décisionnaires Ah'aronim (depuis le Choulh'an Arouh') ont respecté la loi, qu'on ne peut annuler et trancher sur un Richon (avant le Choulh'an Arouh'), même avec preuve à l'appui, à moins d'avoir un autre Richon qui tranche contre. (ein Yitsh'ak tome 1 p.477 de Rav Yitsh'ak Yossef chilta)
Comment ont-il pu passer sur ces principes généraux, trancher contre des Richonim, contre le Choulh'an Arouh' et les grands Kabbalistes (Rama'k et Ariza'l) qui rapporte que l'on doit répondre Barouh' Hou ouBarouh' Chémo à toutes les brah'ote (étant donné qu'il n'y a pas de précisions, c'est donc dans la généralité des bérah'ote, qu'on soit rendu quitte ou non) ?
Seuls les Ah'aronim ont divisé le minhag, soit en fait, ne répondre qu'à une bérah'a à laquelle on ne se rend pas quitte. De peur de créer un hefssek, une interruption. Or, le fait de répondre Amen à une bérah'a dont on nous rend quitte, est aussi une interruption (à part les 2 brah'ote qui se suivent l'une après l'autre, même si elles sont entrecoupées, comme Barouh' Chéamar et Yichtabah', on répond Amen à la fin de Yichtabah'). Quelle différence entre la bérah'a du kiddouch du Chabbat matin qui est récitée par une personne qui nous rend quitte et cette même bérah'a que l'on pourrait nous même réciter ? Dans le second cas, pourrions-nous répondre Amen à notre propre bérah'a ? Sûrement pas. Or, lorsqu'on nous rend quitte, notre écoute compte comme réponse, soit, que cela revient à réciter soi-même la bérah'a. Donc, si Barouh' hou ouBarouh' Chémo est une interruption, Amen aussi ! Si on avance, que Barouh' Hou ouBarouh' Chémo est une coutume, on ajoutera qu'elle provient des Guéonim, des Richonim et du Choulh'an Arouh', et qu'il est interdit de l'annuler, car entérinée par les Richonim ! On pourra aussi rapporter le Choulh'an Arouh' lui-même qui formule en tant que pssak (décision halah'ique) et n'utilise aucun terme relevant du minhag, comme on le voit dans des endroits différents.
La seule explication possible, est que ces décisionnaires Ah'aronim qui ont tranché contre des Richonim (chez lesquels ne fait aucun état de différence entre brah'ote, mais concerne toutes les brah'ote à tout endroit - on ne peut pas être plus clair !) ont prétexté une svara hilh'atique, mais que la raison était tout autre. Je précise que la source suivante est presque inconnue, et que j'ai mis une vingtaine d'années à la retrouver ! Beaucoup de personnes ont la flemme de répondre bien et prononcent Barouh'ou Barouh' chémo. Si ce n'était que le début (Barouh'ou au lieu de Barouh' Hou), mais le pire, est la suite:
Barouh' hou Barouh' Chémo (au lieu de Barouh' Hou OU Baroh' Chémo) est la guématria du faux messie Chabt. Tsv (ych'v). Coïncidence ?
Le Bet Aaron cite le Rav Barouh' Chéamar (p114), qui rapporte le témoignage suivant: les disciples de la secte (sabbatéins) ont fixé de répondre de telle façon, en supprimant le Hou du milieu, en gardant l'intention (la guématria, qui signifie que leur faux messie est le Créateur, h'ass véh'alila) malveillante. Ainsi, plusieurs grands sages ont décidé de ne plus répondre, afin de ne pas être assimilé à cette maudite secte.
Or, Rabbi Chmouel Abouab, fut un des rares à se relier (vers la fin) au combat que menait Rabbi Yaakov Sasportass (d'Oran) contre le faux messie lui-même, son faux prophète Nathan de Gaza et les divers illuminés que constituaient la secte. On comprend mieux la véhémence de certains décisionnaires envers cette coutume. Donc, c'est une mitsva de garder ses coutumes, surtout celle millénaire, mais à bon entendeur, Chalom ! Barouh'Hou OU Barouh' Chémo !!!!