Roch Hachana et Téchouva

Une nouvelle année – une nouvelle naissance

Rav Etiel Ariel

Rav de la synagogue ashkénaze centrale de Ramat Bet Chemech 1

 Nous remarquons un enseignement extraordinaire du Rada'k (Rabbi David Kimh'i – Espagne) sur le livre de Yona. Il s'est dit : "et Yona fut des les entrailles du poisson trois jours". Quelle est la raison d'avoir été avalé ?

Le Rada'k comprend cela comme un retour de Yona, à l'époque fœtale, lorsqu'il se trouvait dans les entrailles de sa propre mère. D'après Rabbi David, Yona devait non seulement vivre un nouvel enfantement mais aussi une nouvelle gestation. Ce qui signifie les trois jours, soit le moment le plus court pour que se réalise ce phénomène. Nos Maîtres za'l, nous apprennent, que lors de la gestation, Hachem tranche une alliance avec l'homme. Un Ange lui est envoyé pour lui enseigner toute la Torah et on le fait jurer "Sois un Tsadik. Ne sois pas Racha !".

Dans cette période, la nature du juif est alors ancrée dans l'individu, que sa volonté est d'être celle de son Créateur. De sa naissance, il ne lui est sans cesse rappelé quelle a été son jurement et la raison de sa venue dans ce Monde. Nous apprenons du Prophéte Yona, que la Téchouva n'est pas seulement une nouvelle page, une nouvelle naissance, mais un renouveau qui date de la période dans laquelle l'individu a été créé. C'est ce que l'on dit à Roch Hachana, ce jour là est l'enfantement du Monde, et à Yom Kippour, Renouvelles nos reins (nos pensées) comme auparavant. Que soit Sa Volonté, que nous méritions tous une nouvelle Hérayone – gestation, et un nouvel enfantement par une alliance renouvelée avec Hachem

Les fonds des Mers ou le Tachlih'

L'origine de cette habitude se trouve dans le Midrach Raba : "lorsque Abraham Avinou et son fils, Yitsh'ak, partirent pour réaliser la Akéda (ligature d'Yitsh'ak), le Satane essaya de les en dissuader. Ils n'y prêtèrent pas attention et continuèrent. Que fit le Satane ? Il se transforma en grand fleuve tumultueux, que ne pouvaient traverser Abraham et Yitsh'ak, pour atteindre le Mont Moria. Ils rentrèrent dans le fleuve et l'eau atteignit alors leurs cous. Ils élevèrent les yeux vers le Ciel et dirent : "Sauves-nous Hachem car l'eau va nous tuer." Hachem intervint et s'irrita contre le Satane. Abraham et Yitsh'ak Avoténou, purent s'en aller alors."

Le principe étant de se présenter devant une source d'eau vivante, la mer, un fleuve, une source ou un puit, afin de se recueillir en souvenir de cet épisode.

De plus, on pensera à regretter nos fautes en les effaçant par le mérite de la Akédate Yitsh'ak.

Enfin, remuer ses poches n'est pas l'essentiel du Tachlih', mais bien de réciter doucement et avec ferveur (il faudra pas attendre Roch Hachana pour essayer de comprendre cette Téfila !) les 13 Attributs de Miséricorde qui commencent par le mot Mi El Kamoh'a.

Lorsqu'on remuera ses poches, on pensera à jeter ses fautes, et à se débarrasser des Kélipote (écorces) qui se sont attachées à nous, par le biais des fautes.

La Téchouva est si grande, que les accusations deviennent des mérites

Il existe la notion de Racha et de Tsadik. Le Bénoni n'est qu'une tare conjoncturelle due à la pauvreté de son enthousiasme. Il faut reconnaître une chose. Que ce soit le Tsadik ou le Racha, aucun n'a peur d'arriver à sa fin. Le Bénoni, lui, se satisfait de ce qu'il ne veut pas être. Par peur, ou par lâcheté. Le pire, c'est qu'il rapporte et déforme des concepts juifs à sa guise. Par exemple, Hasaméah' Béh'élko, celui qui est riche car se réjouissant de sa part dans ce Monde. "Moi; je suis un petit, un juif simple. Les Grands sont là pour me guider. Pour moi, à mon niveau, je fais Téchouva tranquillement, à mon allure."

Rien ne vous choque ?

Il ne parle que de lui. Moi et moi. Hachem n'existe pas dans son discours. Qui peut se vanter de connaître ses vraies limites, son véritable niveau ?

La Téchouva, ce n'est pas engranger comme un forcené des pilpoulim talmudiques entre 4 (planches ?) murs, ni rester cloîtrer dans ses habitudes quotidiennes boulot-dodo-et superficiellement cours de Torah. C'est se surpasser. Ceux qui disent que la Téchouva aujourd'hui c'est ramener doucement les gens, petit à petit, par des paroles mielleuses, ont raison. Mais ce n'est que le début.

La Téchouva Chéléma, c'est avant tout se considérer comme faisant parti du Peuple Elu, dont le rôle est de réparer le Monde. C'est dans cette sublimation que l'on en arrive à réparer ses propres fautes. C'est alors que l'on comprend que nous sommes effectivement insignifiant devant Hachem, mais que Lui est Notre Créateur, et qu'il n'est pas possible de mépriser la grandeur de Ses créatures. Nous, juifs, avons une Néchama, qui fait partie intégrante d'Hachem. Se dire Bénoni,

L'avidité sacralisée.

La Guémara nous enseigne que de Roch Hachana à Yom Hakipourim, la Parnassa de chacun est fixée pour toute l'année (Traité Bétsa 16a), sauf les dépenses pour le Chabbat, Yom Tov et les Mitsvote.

Cependant, le Baal Chem Tov nous explique que chaque homme naît avec sa Parnassa. En fautant, il perd cette capacité, et doit alors travailler à la sueur de son front (en hébreu front-Métsah', dont la valeur mathématique équivaut au mot Hatslah'a-réussite, le nombre étant de 138 soit en hébreu חלק/une part, comme il est dit dans Pirké Avote (4/1), "quel est le riche, celui qui se réjouit de sa part/חלקו"), car le travail étant devenu une peine après la faute d'Adam Harichone. La faute principale étant la profanation du Bérite, de l'Alliance Sainte.

Il est d'autant plus choquant, que les Yamim Noraïm, les Jours Terribles, deviennent des foires boursières. Comment peut-on être aussi naïf ?

Ne pas respecter les Mitsvote toute l'année et arriver pour arracher aux juifs qui prient à la synagogue quotidiennement, l'honneur, le mérite ou la chance, d'ouvrir le Héh'al pour recevoir, la bérah'a. Qui peut croire qu'un juif qui profane Chabbat et mange des aliments Tarefs et interdits, peut remporter la cagnotte de l'année ?

A part ceux intéressés de cet argent, pour renflouer les caisses de la synagogue (eh oui, il faut bien de l'argent pour les sorties, la table de ping-pong, les beaux lustres et la tapisseries luxuriantes !), quelqu'un essayant de pratiquer simplement Torah et Mitsvote en sera écoeuré, ce qui est bien normal. Le seul point positif, c'est d'alimenter les caisses d'aides sociales pour les familles défavorisées. Mais un pauvre n'a pas à manger toute l'année, pas seulement pendant les fêtes.

Si un Tsadik, qui a réparé ses fautes dans ce Monde, se trouve pauvre et n'utilise que le minimum, d'où provient la richesse des Réchaïm ?

La colère du soir de Roch Hachana

Il en est encore de certains, qui se mettent en colère, piquant une crise de rage, parce qu'il manque un grain de grenade dans le Seder de Roch Hachana, que la tête de mouton a été remplacé par une tête de poisson, ou que la table n'est pas encore dressée. Nous rappellerons à ces messieurs que le Seder est en signe de Bonne année et que les coutumes ne valent rien si elles impliquent une faute aussi grave que la colère. Encore un moment de bonheur détruit. Voici qu'il allume de nouveau le feu du Guéhinom. (cf. Zohar Béréchite)

Kitsour Réchite H'oh'ma (פ' ש''ק פ' ז' ע''א)

A l'approche du mois d'Elloul, voici quelques passages traduits de ce livre saint écrit par Rabbi Eliyahou De Vidas et résumé par Rabbi Yaakob Poyto zatsa'l.

On apprend de là l'importance de l'étude de la Torah à partir de Minuit. On devrait l'appeler le Maître de la Torah car il se lie à la Torah qui est la fille du Roi (c'est pour cela que כבודו בת מלך פנימה אינו אלא למוד הסוד). Et il n'y a pas de doute que celui qui s'habitue à cette mesure, lui sera dévoilé des secrets. Car telle une femme qui ne divulgue ses secrets qu'à son mari, aux heures de la nuit, moment propice à la pudeur du couple, il en est ainsi de la Torah qui est comparée à la Fille du Roi. C'est ce que veut dire Chélomo Haméléh' dans Michlé :" Avec les pudiques est la Sagesse"