Introduction
Le texte qui suit rassemble des enseignements issus de la tradition juive sur la téchouva – le retour à Dieu par le repentir. Il explique sa portée, ses étapes et ses différents degrés, en s’appuyant sur des sources classiques comme le Shaarei Kedousha (du Rav Haïm Vital) et les Hilkhoth Téchouva de Maïmonide (Rambam).
L’objectif est de montrer que, malgré la gravité de certaines fautes, aucune porte n’est jamais fermée devant celui qui se repent sincèrement.
I. L’essence de la téchouva
Selon la tradition, il n’existe aucune faute, pas même celle de renier Dieu, qui puisse résister à la téchouva. Même quelqu’un qui revient vers Lui au moment de sa mort peut être pardonné.
Aujourd’hui, en l’absence du Temple de Jérusalem et de son autel d’expiation, la téchouva est notre unique chemin de réparation. Elle a la force d’effacer toutes les transgressions.
Ainsi, même celui qui a vécu dans l’impureté toute sa vie, s’il se repent à la fin, rien de son passé ne lui est rappelé. Comme il est écrit (Ézéchiel 33, 12) :
« La méchanceté du méchant ne le fera pas trébucher le jour où il se détournera de sa méchanceté. »
De plus, le simple fait d’arriver au jour de Yom Kippour apporte l’expiation à ceux qui se repentent, comme il est dit (Lévitique 16, 30) :
« Car en ce jour, on fera expiation pour vous. »
II. Les fautes envers autrui
Les fautes commises entre l’homme et son prochain sont considérées à la fois plus légères et plus graves que celles commises envers Dieu. Plus légères, car elles ne concernent pas directement la relation avec le Créateur ; mais plus graves, car elles ne peuvent être réparées que si la personne offensée accepte de pardonner, que l’offense soit liée à des paroles blessantes ou à une atteinte matérielle.
III. La téchouva parfaite selon Maïmonide
Maïmonide décrit la véritable téchouva ainsi : lorsqu’une personne se retrouve dans une situation où elle a fauté par le passé, qu’elle a encore la possibilité d’agir comme avant, mais qu’elle s’abstient uniquement par repentir, non par peur ni par faiblesse, alors son retour est complet.
Exemple : un homme qui a péché avec une femme, et plus tard se retrouve seul avec elle, toujours attiré par elle et encore capable physiquement de recommencer, mais choisit de se retenir. Celui-là est appelé un véritable baal téchouva (maître du repentir).
Si une personne se repent seulement dans sa vieillesse, à une époque où elle n’a plus la force de refaire ses fautes, sa téchouva n’est pas considérée comme parfaite, mais elle reste valable et efficace.
Même quelqu’un qui a transgressé toute sa vie : s’il se repent le jour de sa mort et quitte ce monde dans cet état, toutes ses fautes sont effacées. Comme l’enseigne l’Ecclésiaste (12, 2) :
« Avant que ne s’obscurcissent le soleil, la lumière, la lune et les étoiles, et que les nuages reviennent après la pluie. »
Ce verset fait allusion au jour de la mort, qui devient pour lui un jour de purification, s’il se souvient de son Créateur à temps.
? Veux-tu que je continue à dérouler toute la suite du texte modernisé de cette manière (partie par partie), avant que je ne crée le PDF final ?
IV. Du moins grave au plus grave (Shaarei Kedousha)
1. Fautes réparables après la mort
Certaines fautes entraînent une condamnation au Guéhinom (enfer spirituel), mais l’âme finit par s’en élever, accède au monde futur et à la résurrection des morts.
- Celui qui s’emporte avec colère est comparé à un idolâtre : sa colère dévore son âme, qui s’altère et s’associe à une force mauvaise.
2. Fautes plus graves
Encore plus grave que la colère est l’orgueil, considéré comme équivalent à l’idolâtrie et aux pires abominations. Celui qui s’enferme dans l’arrogance est comparé à celui qui a commis toutes les transgressions sexuelles, et sa poussière ne se relèvera pas lors de la résurrection des morts.
3. Le ‘Hilloul Hachem – profanation du Nom divin
Le ‘Hilloul Hachem (profanation du Nom) n’entraîne pas de retranchement (karet), mais il est plus grave que toutes les autres fautes, car il touche l’honneur de Dieu lui-même. La sanction touche non seulement la personne, mais aussi sa famille et parfois même toute la société.
Un simple comportement qui induit autrui en erreur (mar’it ayin) peut être une branche de cette profanation.
V. Les pécheurs d’Israël dans leur corps
Certains ne se relèveront pas à la résurrection des morts :
- Celui qui n’a jamais mis les téfilines par négligence et rébellion contre Dieu est appelé « hérétique » ou « renégat ». S’il meurt sans repentir, il est condamné douze mois au Guéhinom, puis son corps disparaît et son âme est réduite en cendres, foulées par les justes dans le monde futur.
VI. Ceux qui n’ont aucune part au monde futur
Même si ces personnes ont étudié la Torah ou accompli de bonnes actions, si elles meurent sans téchouva, elles n’accèdent pas au monde futur :
- Les hérétiques, qui transforment les paroles de la Torah en hérésie.
- Celui qui se convertit à l’idolâtrie, même s’il respecte les autres commandements.
- Celui qui rejette délibérément une mitsva, que ce soit par révolte ou par désir.
- Le renégat qui nie l’existence de Dieu.
- Celui qui dit : « La Torah vient du Ciel, mais je ne l’observerai pas. »
- Celui qui affirme qu’une partie de la Torah (écrite ou orale) n’est pas divine.
- Celui qui nie la résurrection des morts enseignée par la Torah.
- Celui qui interprète la Torah volontairement de manière pervertie.
- Celui qui transgresse les mitsvot publiquement, avec arrogance.
- Celui qui refuse la circoncision par haine de Dieu.
- Celui qui entraîne les autres à fauter, même légèrement.
- L’apikoros : celui qui méprise les sages de la Torah.
- Celui qui se moque ou rabaisse son maître.
- Celui qui insulte un sage, même en son absence.
- Celui qui méprise son prochain en présence d’un sage.
- Le mossèr (délateur) qui livre un Juif ou ses biens à des non-juifs.
- Le dirigeant communautaire qui exerce sa fonction pour la gloire personnelle.
- Celui qui méprise les fêtes et travaille publiquement à ‘Hol Hamoed par défi.
- Celui qui humilie publiquement son prochain.
- Celui qui s’honore au détriment de l’humiliation d’autrui.
- Celui qui lit des livres hérétiques qui détournent du service divin.
- Celui qui évoque le Nom divin de manière irrespectueuse.
- Celui qui étudie la Torah mais refuse de l’enseigner.
- Celui qui a la possibilité d’étudier la Torah mais choisit de s’en détourner pour se consacrer uniquement aux affaires du monde.
? Veux-tu que je déroule la troisième grande partie (les fautes particulièrement graves comme la médisance, l’adultère, le Shabbat, etc.) avant que nous passions à la section finale sur les niveaux d’expiation et le processus de téchouva ?
VII. Les fautes de la parole : médisance et calomnie
Trois catégories sont considérées comme équivalentes aux trois pires transgressions de la Torah (idolâtrie, débauche et meurtre) :
- Le colporteur (rekhilout) : celui qui transmet des rumeurs, qu’elles soient vraies ou fausses, dans le but de semer discorde.
- Le diffamateur (motzi chem ra) : celui qui invente des mensonges pour nuire à la réputation d’autrui.
- Le médisant (lachon hara) : celui qui dénigre son prochain, même si ce qu’il dit est vrai.
Ces trois fautes détruisent la confiance, brisent les liens sociaux et ôtent à celui qui les commet sa part dans le monde futur.
VIII. Autres fautes particulièrement graves
- L’usurier (celui qui prête à intérêt sans restitution) : il ne se relèvera pas lors de la résurrection des morts.
- Le profanateur du Shabbat : jugé au Guéhinom pour des générations entières, car sa faute équivaut à l’idolâtrie.
- Celui qui néglige volontairement le commandement de procréer et meurt sans enfants : il subit la peine spirituelle de retranchement (karet) et n’accède pas au monde futur.
IX. Trois catégories qui descendent au Guéhinom mais gardent une part au monde futur
- Celui qui commet l’adultère avec une femme mariée.
- Celui qui attribue un mauvais surnom à autrui dans l’intention de l’humilier.
- Celui qui fait honte publiquement à son prochain : il n’a pas de part au monde futur, car sa faute est irréparable devant la dignité humaine bafouée.
X. La faute la plus grave : la destruction de la vie potentielle
Celui qui gaspille volontairement sa semence (masturbation, relations dévoyées) est considéré comme répandant le sang de ses propres générations futures. C’est une faute d’une gravité extrême, car elle atteint la racine même de la vie.
XI. Mépris de la sagesse de la Kabbale
Celui qui rejette la sagesse de la Kabbale, qui insulte ses maîtres ou qui refuse son étude, perd sa part dans le monde futur. Car mépriser cette dimension de la Torah, c’est mépriser l’intériorité de la Parole divine elle-même.
XII. Les quatre degrés d’expiation
Les Sages enseignent que les fautes ne se réparent pas toutes de la même manière. Il existe quatre niveaux de kappara (expiation) :
- Transgression d’un commandement positif (mitsvat ‘assé) : si l’homme se repent, il est immédiatement pardonné.
- Transgression d’un interdit mineur (lo ta’assé) : la téchouva suspend la faute, et le jour de Kippour en apporte l’expiation complète.
- Fautes passibles de retranchement (karet), comme manger du hamets à Pessa’h ou profaner le jeûne de Kippour : il faut la téchouva, le jour de Kippour, et en plus des épreuves de la vie pour parvenir au pardon.
- Profanation du Nom divin (hiloul Hachem) : seule la combinaison de la téchouva, du jour de Kippour, des souffrances et de la mort peut apporter le pardon total.
XIII. L’expiation par les épreuves
Toute forme de souffrance, même minime, possède une valeur d’expiation.
Ainsi, disent les Sages, si un homme met sa main dans sa poche pour prendre deux pièces et n’en trouve qu’une, puis doit replonger pour en sortir une autre, cela est déjà une petite épreuve qui expie ses fautes.
De même, retourner son vêtement par erreur et devoir le remettre à l’endroit, ou tout contretemps de la vie quotidienne, sont des signaux de purification et de réparation.
XIV. L’essence de la téchouva
La téchouva repose sur trois piliers :
- Le regret de la faute (charata).
- La confession verbale (vidouï).
- La résolution ferme pour l’avenir de ne plus recommencer.
La formule essentielle de la confession est :
« J’ai fauté, j’ai transgressé, j’ai péché. »
Un modèle de vidouï, transmis par Rabbi ‘Haïm Vital, exprime ainsi ce retour :
« Maître du monde, j’ai fauté, j’ai transgressé, j’ai mal agi devant Toi. J’ai marché sur une voie mauvaise et éloignée. Je regrette mes actes, et je décide de ne plus les refaire. Veuille, Éternel, Dieu de mes pères, pardonner toutes mes fautes, mes transgressions et mes péchés, depuis ma naissance jusqu’à ce jour, dans cette vie ou dans d’autres, consciemment ou inconsciemment, en matière de Torah ou de décisions rabbiniques. Toi qui désires la téchouva, accepte ma prière et reçois les paroles de mon cœur. »
La téchouva est complète lorsqu’un homme se retrouve dans une situation semblable à celle où il avait fauté — avec la même tentation, au même endroit, dans les mêmes conditions — et qu’il résiste, non par peur ou faiblesse, mais parce qu’il a choisi de revenir vers Dieu.
XV. La marche en Terre d’Israël
Les Sages affirment qu’un simple pas sur la Terre d’Israël a le pouvoir d’effacer les fautes.
Car marcher dans la Terre promise, c’est s’unir à la sainteté de la Présence divine qui y réside.
Selon la tradition kabbalistique, chaque pas possède même une signification mystique : le pied droit incarne la victoire (nétsah), le pied gauche la splendeur (hod), et leur alternance reflète l’harmonie du mouvement de la vie.